Livre: Toutes blessent, la dernière tue
Auteur: Karine Giebel
Pages: 744
Date de sortie: 29 Mars 2018
Editions: Belfond
Ma note: 20/20
Synopsis
Maman disait de moi que j’étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais…
Je connais l’enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…
Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…
Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu’au dernier.
Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.
Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.
Mon avis
Le livre
Vous commencez à le savoir, je suis une grande fan de Karine Giebel! Je me suis donc jetée sur son tout dernier ouvrage qui avait l’air très prometteur. Pas mal de personnes l’ayant reçu en service presse ont annoncé que nous retrouvions la plume qu’elle avait dans » Meurtres pour rédemption ». Etant donné qu’il est pour moi MON livre favori et que aucun autre n’a réussi à le détrôner pour le moment, j’ai lu ce dernier livre avec beaucoup d’impatience et d’enthousiasme.
Dans ce dernier chef-d’oeuvre, l’auteure dénonce l’esclavage moderne, chose dont nous ne sommes pas vraiment tenu informé ou que l’on occulte tout simplement. Afin de nous permettre de rester dans un monde sans haine, sans violence et sans horreur. Une réalité à laquelle nous devons malheureusement faire face. Lorsque je pense à l’esclavage, je pense aux siècles passés, à l’histoire de Spartacus que j’ai étudié en cours de latin. Je pense également au peuple noir qui est resté au service d’un maître jusqu’en 1865. Je pense à toutes ces femmes, surtout dans certains pays musulmans, qui sont les servantes de leurs époux. Il n’y a pas que dans ces pays là d’ailleurs, puisqu’il ne faut pas oublier toutes ces femmes battues, contraintes à répondre aux moindres exigences de l’homme. Il ne faut pas non plus oublier tous ces enfants des pays pauvres, obligés de travailler dès leur plus jeune âge, pour ramener de l’argent à la maison.
La servitude, l’esclavage deviennent interdit en 1948 par la déclaration universelle des droits de l’homme. Cependant comme beaucoup de lois de nos jours, celle-ci n’est pas respectée. Dans le plus grand secret de certaines demeures, de certaines familles, se cachent peut-être une personne qui n’est là que pour servir, qui souffre et qui obéit. Giebel nous démontre encore la part sombre et les horreurs dont est capable la nature humaine. Une nature qui fait de plus en plus peur, jusqu’où l’homme est-il prêt à aller pour assouvir sa soif de pouvoir? Jusqu’où irons-nous dans cette guerre contre l’horreur? Triste monde…
Je ne parlerais pas en détails de l’histoire dans cet article car vous ne devez pas en savoir plus que ce qui est écrit sur la quatrième de couverture. Préparez-vous seulement, ayez l’estomac bien accroché et des mouchoirs près de vous. Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture, de cette violence et de cette vérité que nous démontre ce récit.
Vous vous attacherez aux personnages et surtout à Tama comme vous avez pu vous attacher à Marianne dans « Meurtres pour rédemption ». Comme quoi la noirceur et l’horreur ne s’arrêteront pas de sitôt. Merci à Karine Giebel pour cette plume qui m’emporte à chaque fois et pour ce talent qui est le sien. N’ayez pas peur de ces 740 pages, elles se tourneront seules sans que vous ne le remarquiez. Vous voudrez savoir qui est Tama, et si elle arrivera à s’en sortir. Nous sommes finalement tous esclaves de quelque chose mais il y a plusieurs degrés de douleurs, plusieurs stades.
Ne vous attendez pas à un joli compte de fées qui finit bien et où tout le monde en ressort heureux, car vous même vous en ressortirez éprouvés et le cœur brisé. Ce n’est pas seulement un livre écrit par une reine du thriller français, c’est une vérité que l’on doit accepter et contre laquelle nous devons nous battre. Ce livre touche aussi à l’innocence de l’enfance, ce qui nous émeut encore plus. Comment? Pourquoi? Sont des questions que vous vous poserez tout au long de cet ouvrage.
On se sent parfois comme un voyeur, comme une personne qui assiste à une scène inhumaine sans pourvoir agir, sans faire quoi que ce soit pour aider ce protagoniste. L’auteure ne vous lâchera pas, elle en rajoutera tant et plus pour vous montrer la douleur et pour vous prouver à quel point l’homme est cruel.
Tu es à moi et seulement à moi. Je t’ai achetée, tu m’appartiens. Comme les meubles, comme mes fringues, comme tout ce qui se trouve ici.
Pour conclure
Je referme donc ce pavé de 744 pages avec une boule au ventre, les tripes nouées, le cœur serré et les larmes aux yeux. C’est tellement brillant, oppressant, et déchirant. Encore du grand Giebel, je ne m’en lasse pas. Elle est la reine du genre et elle reste indétrônable malgré toutes mes découvertes. Un talent sans pareil grâce auquel elle réussi son pari à chaque fois. On ressort de ces lectures totalement chamboulé et retourné par tant de violence. Des milliers d’émotions se bousculent en moi. Je ne sais par qu’elle lecture poursuivre…
Il y avait Marianne, maintenant il y a aussi Tama…
« Vulnerant omnes, ultima necat. At eae quas ad vos consumpsi me delectaverunt. »
« Toutes les heures blessent, la dernière tue. Mais j’ai aimé celles passées auprès de vous. »
Tayri était toutes les femmes blessées, torturées. Elle était leur douleur, leur souffrance, leur courage. Leurs larmes et leur désespoir. Tayri était l’enfance bafouée, volée, abandonnée. Elle était les échines courbées, les rêves brisés, les détresses silencieuses, les longues nuits de solitude. Elle était les appels au secours qu’on n’écoute pas, les cris qu’on n’entend plus. Tayri était le monde tel qu’il est, tel qu’on refuse pourtant de le voir.